On date l’utilisation de torchis dans la construction humaine avec l’apparition de la sédentarisation. Parmi les techniques de construction en terre crue, elle est la plus répandue au monde, et remarquable par son aspect économique, frugale, accessible. « Technique géniale » selon Manuel Zaepffel, spécialiste et formateur en écoconstruction au Gabion, elle réunit simplicité de mise en œuvre, adaptation totale aux enjeux environnementaux, et pertinence réelle sur les exigences de confort été comme hiver.
Nous nous appuyons largement sur le « Guide des Bonnes Pratiques de la construction en terre crue » de 2020, éditée par la Confédération de la construction en terre crue, pour rédiger cet article.
Facile à mettre en œuvre
Le torchis est composé de matériaux solidaires associant terre, fibres végétales et support en bois. Il désigne à la fois le matériau et la technique. Il comprend un mélange et un support ; le support se distinguant de la structure (comme un colombage par exemple).
1/ Le support
« Le support, généralement en bois est parfois complété de fibres et d’autres liens végétaux (cordes, tresses). D’autres matières ligneuses sont employables telles que bambous, roseaux, cannes, ronces et joncs. » Guide des bonnes pratiques de la construction terre crue.
Il existe une multitude de supports différents, qui se distinguent d’autant plus en fonction de la destination : planchers, parois verticales avec ou sans rainure, croisés ou non. La liste ne sera jamais exhaustive, vous pouvez inventer votre propre support en fonction de ce que vous avez à portée de main !
2/ Le mélange
LA TERRE
Toutes les terres sont convenables au torchis, quel que soit leur teneur en argile. Toutefois, il est déconseillé d’utiliser de la terre contenant des champignons ou à forte teneur en humus, tout comme une terre comportant des éléments grossiers (comme des pierres). Cela étant, la terre sera mélangée à de l’eau, jusqu’à obtenir la consistance idéale « variant de plastique à visqueux ou de barbotine, épaisse ou liquide en fonction des objectifs de mélange et de performance à atteindre ».
LES FIBRES VÉGÉTALES
Paille, chanvre, roseaux, jonc, molinie, carexe… sans signes de pourrissement. Toutes les fibres sont convenables dans la mesure où elles présentent des qualités de souplesse et de résistance à la traction.
L'EAU
N’importe quelle eau, à condition qu’elle soit saine, sans polluants organiques.
LES ADJUVANTS
à éviter, et vraiment pas nécessaire pour un torchis ! Référez-vous au guide des bonnes pratiques pour en savoir plus.
3/ La mise en œuvre
Le torchis se pratique hors d’eau (mais non hors d’air). Il se pose au sein d’un ouvrage maintenu en parfait état fonctionnel. À chaque type de pose de torchis correspond un type de mélange contenant plus ou moins de fibres, elles-mêmes plus ou moins longues. Il existe une étroite corrélation entre le type de structure, le type de support de fixation et le type de pose.
Généralement, quatre étapes jalonnent le chantier :
- pose du support sur la structure porteuse
- préparation du mélange
- pose du mélange sur le support
- séchage, finitions et protections éventuelles.
Enfin, une recommandation fondamentale : s’assurer que la structure secondaire soit bien solidaire de la structure principale.
Matériaux d’avenir
Hygrométrique, thermique, acoustique...
PROPRIÉTÉS THERMIQUES ET PERMÉABILITÉ À LA VAPEUR D'EAU
D’autres mesures sont disponibles dans le Guide des bonnes pratiques.
PROPRIÉTÉS D'ABSORPTION PAR CAPILLARITÉ
Il n’existe pas de données spécifiques et universelles pour le torchis traditionnel, la littérature donnant des plages larges et des valeurs pour des matériaux proches (BTC, CEB, pisé).
Une mention générale indique que pour les briques ou torchis (densité ~1700 kg/m³) le coefficient « w » est de 10 à 30 kg/m²/h⁰․⁵.
Le torchis est reconnu comme matériau « perspirant » avec « régulation par capillarité » dans certains textes de promotion du matériau.
UNE APPLICATION DANS LE NEUF
Le torchis s’utilise facilement pour des cloisons intérieures. Ses nombreuses qualités pourraient en faire un matériau de choix dans la construction neuve. La modernité du torchis se retrouve jusque dans son aspect esthétique, offrant une singularité intéressante aux constructions neuves.
QU'EST-CE QUI NOUS RETIENT ALORS ?
Le temps de séchage ! En fonction de l’épaisseur, il faut compter de deux semaines à quelques mois. Le coût, aussi, si l’on fait appel à une entreprise, mais cela reste très économique à faire soi-même ou entre ami·es !
Pour aller plus loin :
- Guide des bonnes pratiques de la construction en terre crue
- la thèse de M. Fritzinger « Les colombages, l’hybride de demain » Ecole Polytechnique de Lausanne lien
- la thèse de de K. Mekaideche «Comportement hygrothermique de la terre crue partiellement saturée » Université de Tlemcen line
- Panagiotou et al., Capillary absorption into CEBs and 2-layer composite, E3S Conf., 2023 — résultats : 140–260 g·m⁻²·s⁻⁰․⁵ pour CEBs
- Indekeu et al., Experimental study on the capillary absorption…, 2021 (rammed earth — méthode et influence du sable/fibres)
- Cerema / CSTB, HUMIBATex / guides techniques — définition normative du coefficient d’absorption liquide A (kg·m⁻²·s⁻⁰․⁵).



