Les personnes qui font le Gabion. Rencontre…

Initialement formée aux Beaux-arts de Grenoble, Myrtille évolue dans le secteur du bâtiment depuis de nombreuses années. On la croise régulièrement au Gabion ou elle anime différents modules sur la terre et les enduits pour les formations OEC ou OPRP. Voici le fruit d’un entretien où il est question de son métier, de construction, du matériau terre et des projets à venir… Une vie inspirante ou la Passion reste le moteur numéro 1.

Une interview sans fard !

Bonjour Myrtille, tu es présente sur le site du Gabion pour plusieurs semaines en tant que formatrice. Peux-tu te présenter et nous parler de ton travail ?

Avec plaisir ! Je suis dans le secteur du bâtiment depuis 10 ans environ. Au début je travaillais essentiellement en décoration et aménagement intérieur puis j’ai eu besoin de me tourner vers des matériaux plus sains et des chantiers plus importants. C’est à ce moment que je me suis retrouvée dans une formation OEC du Gabion à Forcalquier, c’était en 2014. Aujourd’hui, je travaille avec mon compagnon, artisan lui aussi, dans le Briançonnais.

Vous êtes à votre compte ? Quelle est votre activité ?

On a monté une structure qui s’appelle l’Atelier A&M via la coopérative Pétra-Patrimonia qui regroupe d’autres artisans et sociétés. C’est un très bon système qui permet de disposer d’un soutien juridique, de différents services comme la comptabilité et… de décennales prises en commun pour plusieurs artisans ! Mon statut est salarié-entrepreneur. Notre activité, c’est la rénovation de bâtis anciens ou le neuf exclusivement avec des matériaux écologiques et sains. On bosse principalement dans le Briançonnais et ponctuellement plus loin en fonction des projets. Depuis que nous avons eu la qualification RGE, on nous demande pas mal d’isolations extérieures (ITE) et d’enduits.

A priori, tu as quand même une affinité avec un matériau : la terre ! Tu peux nous en parler ?

En effet, la terre me passionne complètement. Je lui trouve beaucoup, beaucoup d’atouts ! Initialement, je l’ai découverte dans les ateliers de l’ecole d’archi de grenoble mais c’est au Gabion que j’ai réellement appris à comprendre son fonctionnement et surtout à la mettre en œuvre. Tout m’intéresse avec la terre ; que ce soit en construction ou en finition. C’est un matériau sain, géosourcé, disponible, qui offre un nombre d’applications infinies… Bref, une matière vertueuse idéale ! De mon point de vue, c’est une solution d’avenir pour ne pas dire LA solution au « tout bêton » qui va rapidement trouver ces limites avec la raréfaction du sable.

Qu’est ce qu’on vous demande comme chantiers en terre ?

Si on parlait un peu de « ta casquette » de formatrice ? J’imagine que tu vas enseigner sur la nouvelle formation MTC (Maçon Terre Crue) qui a débuté en octobre dernier ? Quels modules dispenses-tu pour les formations ?

Peux-tu nous raconter ton histoire avec le Gabion pour en arriver à formatrice aujourd’hui ?

En fait, le départ avec le Gabion, c’est la formation OEC que j’ai suivie en 2014. Je l’ai vécu comme une vraie découverte, un acte fondateur dans ma vie. Cette formation m’a ouverte sur beaucoup de choses et permis d’acquérir de solides compétences techniques. Une fois la formation achevée, on a régulièrement pris des stagiaires dans l’entreprise. Puis, Laurent Limousin, le responsable de la formation au Gabion, m’a proposé d’intervenir sur les formations. C’était le rêve pour moi !

Cela fait 3 ans que tu enseignes ici je crois. Qu’en retires tu à titre personnel ?

Et bien…. Plusieurs choses (elle réfléchit). Déjà, je suis heureuse de transmette ma passion de la terre et mes connaissances : c’est une vraie satisfaction personnelle. Ensuite, il y a le lien avec les étudiants bien sûr… et enfin enseigner fait énormément progresser dans sa discipline car il faut se remettre en question, se documenter en permanence, s’auto-former, se mettre à jour… c’est très prenant mais stimulant au bout du compte.

Sinon, j’ai entendu dire qu’il y avait une bonne dynamique sur Briançon et des projets nouveaux ?

En effet, nous sommes en train de monter une scop avec des personnes géniales pour construire des maisons sur le mode constructif suivant : structure en ossature bois ou poteaux-poutres et remplissage des murs en bêton végétal projeté à base de chaux-chanvre ou de terre-chanvre… il y a plusieurs possibilités. Je crois beaucoup à ce processus qui me semble être une des solutions prometteuses dans le futur. En fait, on va utiliser une machine qui a été développée par Laurent Goudet de la société Akta. C’est une sorte de « super-projeteuse » qui accepte tous types de végétaux et permet de réaliser de bons « bêtons végétaux ». L’idée du projet est de construire des maisons neuves écologiques, isolées en matériaux biosourcés tout en essayant de tenir les coûts.

J’ai envie de profiter de cette interview pour te demander quel regard tu portes sur le fait d’être une femme dans un milieu traditionnellement masculin ?

Bien en fait, je reste une femme ! Je veux dire par là que le bâtiment n’est pas qu’une histoire « de bourrins ». En tant que femme, on apporte nos qualités, notre sensibilité, nos intuitions. Je travaille avec des gars tous les jours et… zéro problème ! Pour moi, c’est assez normal et je n’ai pas vraiment envie d’en faire des montagnes… ça serait un peu comme suggérer qu’il y a un truc qui cloche. Il y a des femmes dans le bâtiment, il y en aura de plus en plus… tout va bien (rires).